Pour la plupart des potiers et céramistes l’homogénéité du four est un critère prioritaire. Il est primordial en particulier pour la reproductibilité des émaux, si sensibles aux différences de quelques degrés de température et aux ambiances chimiques dans la chambre.
Dans mon cas, c'est tout à fait le contraire. Je donne carte blanche à mon four pour créer la "carnation" de mes sculptures.
Pour cela, je l'aide comme je peux. Technologiquement, ce four à gaz doit être unique. En effet, il dispose de brûleurs de différentes technologies (air induit et air pulsé), ainsi que de systèmes permettant d'injecter de l'air par le haut du four, ce qui permet de modifier et de perturber les circulations de flamme et de créer des espaces réducteurs ou oxydants dans la chambre au cours d'une même cuisson.
Le résultat, après bien des péripéties par le passé, est maintenant le plus souvent très appréciable. Les surprises que mon four, cet artiste, me réserve, sont de plus en plus souvent des "bonnes surprises", et les accidents regrettables deviennent plus rares.
Il faut dire que je prends beaucoup de risques, en particulier en mettant au four des sculptures fragiles, et présentant de fortes inhomogénéité d'épaisseurs et de dimensions. Des bras fins reliés en deux points à un corps massif représentent un défi, puisque les contractions de la terre se feront obligatoirement à des moments différents selon la température. Elles seront toujours en retard sur les parties massives qui chauffent plus lentement en interne, et il faudra que les parties fines tolèrent la tension en attendant de retrouver leur équilibre en fin de cuisson, si elles n'ont pas cédé ....