la grande salle "atelier"
En général, j'ai déjà créé une ébauche en quelques heures, le plus souvent devant un modèle vivant en mouvement. Cette ébauche est comme un fœtus, qui sait déjà précisément ce qu'il veut devenir. Mon rôle, dans la sculpture sensible, c'est d'être la matrice par laquelle ce fœtus va se développer. Je suis alors à l'écoute et mes mains sont au service de la future sculpture.
De retour à mon atelier, je commence le façonnage à proprement parler. Mon atelier, dans cette grande maison, c'est "partout". Quand il fait beau en été et que l'air n'est pas trop sec, c'est dehors. Quand c'est dedans, c'est en général dans la grande salle, mais c'est souvent aussi dans la cuisine et dans tous les coins.
En effet, comme je travaille en général sur de nombreuses sculptures en parallèle, il y a toujours au moins 5 sculptures en cours de façonnage et j'utilise la place dont je dispose.
La cuisine "Atelier"
Maintien de l'équilibre
En général, je distingue clairement deux phases dans le façonnage.
La première est tout ce qui se passe avant le vidage de la sculpture. C'est la phase où la sculpture a encore la liberté de bouger, et elle ne s'en prive pas.
A ce stade, la posture n'est pas encore précisément connue. En fait, c'est la sculpture elle-même qui décidera de sa position finale exacte.
Cette liberté est permise par le fait que je travaille en général "dans la masse", ce qui fait que le mouvement de la sculpture ne créera pas un trou comme cela serait le cas si je travaillais en creux. Le seul inconvénient notoire pour moi est que je travaille lors du façonnage sur des pièces très pesantes, ce qui nécessite quelques précautions et qui cause parfois quelques accidents, tant pour les sculptures qui cèdent sous leur propre poids que pour mon dos si je suis distrait en les manipulant.
Tant que la terre est encore suffisamment molle pour laisser de la liberté de mouvement, je la laisse faire autant que la technique m'en laisse la latitude.
Cette phase durera jusqu'à ce que la terre arrive à la consistance permettant le vidage (légèrement au delà de la consistance dite "du cuir"). Il ne faut pas que ce soit trop tôt, car sinon la sculpture risque de s'effondrer, ni que ce soit trop tard, car il est alors impossible de couper la sculpture pour effectuer de vidage.
En général, dès que les sculptures sont un peu volumineuses, le vidage se fait pour telle ou telle partie de la sculpture alors que je suis encore en train de façonner d'autres parties.
c'est le moment de créer les sculptures à partir des maquettes, ou de retravailler la forme des ébauches dès que la consistance est optimale.
Maintien des masses
Comme je n'utilise aucune armature interne pour réaliser mes sculptures, c'est souvent toute une organisation pour qu'elles puissent rester dans leur posture, soit quand la partie inférieur est particulièrement fine et qu'il faut étayer, soit quand la masse totale ne peut pas se maintenir toute seule et qu'il faut la brider par tous les moyens possibles pour qu'elle ne s'écroule pas.