Amour de "la nudité"
Evidemment en lien avec mon attachement à la nature et à l'authenticité, la nudité tient pour moi un rôle essentiel.
Sans m'étendre sur les différents niveaux où elle trouve sa place dans ma vie, j'aime et je respecte profondément la nudité dans mon travail artistique, pour sa vérité et sa simplicité fondamentale, pour son désaveu du surfait et de l'artifice.
J'apprécie la nudité chez l'humain un peu de la même manière que j'éprouve un malaise en regardant un animal vêtu comme on en voit parfois en hiver à la ville.
Pour autant, je ne trouve pas toujours facile, ni même toujours agréable de regarder 'simplement' le corps humain nu.
C'est pourquoi je me réjouis de la chance qui m'est donnée de fréquenter des ateliers de modèles vivants animés de telle manière que le regard porté est épuré et simplifié comme par magie, déchargé en grande partie de la lourdeur "voyeuse", dans le souci prioritaire de capter pour le traduire dans la terre que je travaille quelque chose de l'ordre de la vie et du mouvement.
C'est dans ce même esprit que mes sculptures restent quasiment toujours aussi nues que possible. Elles sont nues autant à l'extérieur qu'à l'intérieur, puisqu'il n'y a aucune structure artificielle pour les maintenir lors du façonnage, et qu'elles restent sans couverte ni émail pour les masquer ; juste la terre et le feu, et la réminiscence du modèle et de l'esprit qui l'anime.
Pour ce qui est de ma sensibilité, je ne peux être satisfait de mon ouvrage que si je ne crée pas seulement un objet, mais plutôt un être animé ; si une part de cette étincelle de vie perdure dans la sculpture une fois cuite et achevée, prête pour aller vivre sa propre aventure loin de l'atelier.
Un Voile si fragile
Respect de la "fragilité"
Bien sûr, même si j'ai une prédilection pour les formes rondes et robustes, j'avais toutefois remarqué ma tendance à aller vers des formes délicates et fragiles, en particulier pour les bras de mes sculptures. Comme elles sont, par principe, totalement dépourvues d'artifice interne de renforcement, c'est une option qui me semblait bien hasardeuse. Cependant, la règle de mon jeu étant de ne pas trop tenir compte des considérations de limitations techniques, j'ai persisté, malgré les difficultés de réalisation, les contraintes de manutention et les appréhensions des amateurs.
C'est en réalisant mes premiers bronzes, et en éprouvant leur solidité, le caractère "indestructible", que j'ai enfin mis le doigt sur ce fait paradoxal : je recherche parfois la fragilité dans mon travail de la terre, malgré les nombreux inconvénients que cela représente.
Je me suis longtemps imaginé qu'il s'agissait d'une sensibilité esthétique, mais je suis maintenant convaincu que c'est la fragilité en tant que telle que j'apprécie dans certaines de mes sculptures.
En effet, face à l'"immortalité" du bronze, la finitude potentielle de la terre cuite parle évidemment de la vie elle-même, et du miracle permanent de sa pérennité.
Pour assumer pleinement ce parti pris de la fragilité en tant que valeur intrinsèque, vis à vis des acquéreurs, je me suis penché sur le développement des moyens pour pallier les risques qui y sont intimement associés.
Je propose donc un service de réparation de mes sculptures en cas de dégâts. Je m'appuie entre autres pour cela sur l'expérience d'une professionnelle de la couleur, véritable artiste de chirurgie esthétique pour les sculptures.