Le Mouvement
Les modèles vivants dont se nourrissent mes sculptures ne "posent" pas, ils sont sans arrêt en mouvement. Ce qui m'a donné l'accès à la sculpture, c'est précisément cette situation qui mettait en "échec" mes capacités d'analyse visuelle et de reproduction de ce que je voyais. C'est évidemment ce qui se passait tandis que ce danseur de la troupe de Jean Claude Galotta venait poser pour nous à l'ACDA.
Dans la tentative de reproduction du visuel, je crains de développer une aptitude intéressante, voire séduisante. Mais dans une approche vers un rendu réaliste, je crains de déboucher sur un travail dépourvu de vitalité, stérile en matière de créativité , .... un objet.
Pour mon bonheur, le mouvement incessante rend futile la recherche de repère morphologiques visuels. Il est alors indispensable de capter autre chose qu'avec les yeux...
C'est ce que je dénomme "l'énergie du mouvement" (faute d'une expression plus pertinente), qui féconde ma terre (matière vivante), concevant ainsi l'embryon de la future sculpture. Quand je travaille dans le mode que j'appelle la "sculpture sensible", je m'efforce d'avoir le moins d'intention possible en ce qui concerne la posture finale et le message qu'elle délivrera. Je suis la matrice, au héberge cet embryon qui contient déjà tout ce que sera la sculpture finie. Mes mains sont au service de la croissance, aussi indépendante de ma volonté que possible, de l'œuvre finale.
C'est dans ce mode de travail que la sculpture est en général la plus "animée", à tous les sens du terme, puisqu'elle est à la fois vivante, en mouvement, et qu'elle a sa propre âme.